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Musiques contemporaines XX & XXI

Chroniques de concerts,de festivals, d'événements, de livres, de disques et de DVD.

Au Théâtre de la Ville : Mère courage ou le chant du signe

Les acteurs du Berliner Ensemble est pour une dizaine de jour au Théâtre de la Ville, du 17 au 26 sptembre avec Mère Courage et ses enfants de Bertholt Brecht dans une mise en scène de Claus Peymann créée en 2005. L'œuvre reprise en 1949 à Berlin Est en pleine Guerre froide par Helene Weigel. L'œuvre fut présenté au Théâtre des nations en 1954 et il eut un grand retentissement. Dans la note programme du Théâtre de la Ville, Michel Bataillon écrit au sujet de cette représentation de 1954 : « Tout était signe. Et tous les signes formaient faisceau pour raconter l’histoire et les contradictions ».

Jeudi soir, tous les acteurs viennent saluer à la fin du spectacle sauf la roulote de Mère Courage qui a quitté la scène pour rejoindre le monde de l’accessoire, et pourtant, elle tient la scène jusqu’au bout. Celle-ci est proche de Kattrin, la fille muette de Mère Courage qui est condamnée aux grognements ou autres aux borborygmes. Kattrin prendra sa revanche à la fin avec son tambour alertant la ville menacée d’un génocide par les troupes plonaises. Si Mère courage avait été présente à ce moment, l'aurait-elle laissée faire ? On peut en douter ! Le courage de Mère courage n'est celui que défend la philosophe Cynthia Fleury dans son essai, La fin du courage : La reconquête d'une vertu démocratique. La scène, une piste de cirque mais également une cible. Elle est vide, meublée seulement par la présence de la carriole. Le silence de celle-ci fait contraste avec Mére courage qui parle, et qui parle à n’en plus finir... Elle est sur tous les fronts de la parole pour maintenir en vie sa petite famille monoparentale. Chacun de ses enfants à un nom différent qui n'est pas celui du géniteur présumé mais de l’homme du moment. L’action se déroule pendant la Guerre de Trente ans qui opposa prostestants aux catholiques. Les catholiques sont figurés sur leurs visages par une croix rouge sur fond blanc tandis que les luthériens ont une croix noir sur fond blanc.

Contrairement à Antigone qui non au pouvoir, Mère courage ne dit, ni oui ni non, elle scrute, elle essaie de saisir le rapport de force. Elle évalue. Elle précise ainsi son opinion du monde : « La vénalité est à l’homme ce que la charité à Dieu ». Elle sépare bien le monde profane du monde sacré, seul le premier nous est accessible à l'humain. Le courage des « sans-dents », c'est de survivre au chaos du monde  Elle sépare bien le monde des vivants de celui des morts, le premier est accessible, le second est à éviter. Devant l’adversité, elle ne s’effondre pas. Carmen-Maja Antoni déploie une énergie époustouflante pendant toute la soirée. La Kattrin de Karla Sengteller est humaine au-delà du sacrifice, c'est elle Antigone. Elle veille, elle comprend mais c’est une pythie muette. De même, le duo du pasteur et du cuisinier, semble parfaitement rodé, d'un opportunisme sans faille, le versant « classe moyenne » de l'humanité. La mise en scène de Claus Peymann est d’une sobriété implacable, rien ne vient perturber l’écoute du spectateur. Il y a un côté clinique mais quelle leçon pouvons-nous tirer de cette fable aujourd'hui ? Le pessimisme de Brecht est beaucoup plus visible qu'il ne l'était en son temps.

Le 19 et 23 septembre à 20 h 30 au Théâtre de la Ville par le berliner Enesmble, un spectacle chanté par l'acteur Manfred Karge à partir de songs de Bertolt Brecht, Et le requin, il a des dents...

Au Théâtre de la Ville : Mère courage ou le chant du signe
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