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Musiques contemporaines XX & XXI

Chroniques de concerts,de festivals, d'événements, de livres, de disques et de DVD.

Dans les entrailles de la voix avec la compositrice norvégienne Maja S. K. Ratkje

Mardi 23 septembre, Cité de la musique

Nina Šenk, Iris, création mondiale, commande de l’Intercontemporain ; Maja S. K. Ratkje, Concerto for Voice ; Gustav Mahler, Das Lied von der Erde

Ensemble Intercontemporain sous la direction Matthias Pintscher

Enfin, c’est la rentrée musicale contemporaine. Tout bien tout honneur, l’Intercontemporain au complet et son directeur musical Matthias Pintscher. Si le ban et l’arrière ban est présent, le public lui traine encore les pieds pour venir, une petite salle mais un bon parterre. Deux œuvres par deux femmes compositrices en première partie. La première œuvre Iris de la compositrice slovène Nina Šenk (*1982) est un concerto pour alto et ensemble. Le titre fait référence à un conte éponyme d’Hermann Hesse extrait de son recueil les Contes merveilleux. C’est une commande de l’EIC et elle est dédicacée à son interprète Odile Auboin. Le déroulé musicale est cohérent avec la notice programme de la compositrice. L’alto semble traverser des zones sonores plus ou moins agités, plutôt moins que plus pour dire la vérité. Le chant de l’alto domine de bout en bout de l’œuvre. De courtes séquences évoquent la cadence traditionnelle du concerto. Point d’affrontement entre le soliste et la collectivité instrumental, on traverse souvent des zones dépressives ou extatiques. L’écriture musicale est dans la filiation du sérialisme libre de Hans Werner Henze, l’écriture m’a semblée de bonne facture mais sans véritable caractère, du bel ouvrage, une musique sans anicroche. Il est à noter que l’œuvre a débuté par une courte vidéo silencieuse montrant un pinceau traçant une ligne bleue outremer sur une table puis celle-ci devenant progressivement une masse mouvante de pigments colorés. Celle-ci était projetée sur un demi-écran pendouillant au-dessus des musiciens. La seconde œuvre au programme était également introduite par une vidéo qui avait pour fonction d’occuper notre temps de cerveau disponible durant le changement de plateau. C’était la bande d’annonce ou un extrait d’un film, Sculpting sound, dont la compositrice norvégienne Maja S. K. Ratkje (*1973) a composé la musique. Celui-ci devrait sortir en 2015. Adieu, le côté Björk de la voix nordique ! Le Concerto for Voice (moods IIIb) n’est pas à proprement dit un concerto pour voix chanté. Maja S. K. Ratkje en est l’interprète, la performeuse. Sa voix est amplifiée, c’est un concerto pour voix « microphiée ». Raclements de gorge, borborygmes de tout type, sifflets… Les oubliées de la voix ont la parole.  L’ensemble est au complet auquel s’adjoignent un accordéoniste et une machine à écrire amplifiée. Finis, les minauderies précédentes, la musique est rude et carnavalesque mais aussi bouffonne et espiègle. Ses textures orchestrales semblent proches du spectralisme d’un Louis Andriessen qui fut son professeur. On a eu droit à un surprenant duo pour voix et machine à écrire. Le duo final où la flûte piccolo et le sifflement de la voix se superposent dans un chant apaisé. Il est à noter qu’elle est passée par l’Ircam en 1999 pour s’initier au temps réel,  manifestement elle a une longue pratique de la musique électroacoustique. Á ce « chant des entrailles de la terre »  succède après l’entracte le Das Lied von der Erde de Gustav Mahler dans une transcription récente de Glen Cortese renouvelant ainsi notre écoute formatée par la version d’Arnold Schoenberg.  Il y a des mixtures plus modernes comme par exemple les instruments à vent dans le final. Si les deux solistes vocaux m’ont laissé sur ma faim, les musiciens de l’ensemble, et plus précisément, les unissons des deux premiers violons avaient une couleur rarement entendue. Pour conclure, un mot sur le rythme du concert, il y avait une œuvre de trop. Si on avait commencé par Le Chant de la terre et fini avec Concerto for Voice de Maja S. K. Ratkje, le concert aurait été d’une plus grande efficacité musicale, le choc d’autant plus fort, et notre plaisir d’autant plus émoustillé.

Dans les entrailles de la voix  avec la compositrice norvégienne Maja S. K. Ratkje
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