15 Octobre 2014
Gilbert Amy, Litanies pour Ronchamp par Les Solistes XXI sous la dir. De Rachid Safir, le Quatuor Parissii, Abel Billard aux percussions. Editions Soupir (5224). P 2013
Gilbert Amy, successeur de Pierre Boulez à la tête du Domaine musical, il a été également le refondateur de l’Orchestre philharmonique de Radio France au milieu des années soixante-dix, préfigurant la Cité de la musique. Orchestre à « géométrie variable », il avait pour objectif d’interpréter tous les répertoires dans toutes les configurations instrumentales possibles. Il succède en 1984 à Pierre Cochereau à la tête Conservatoire national supérieur de Musique de Lyon qu’il transforme en alter ego de celui de Paris. Il y reste 16 ans. Certes son catalogue n’est pas abondant mais chaque œuvre est mûrement réfléchie. Citons quelques œuvres emblématiques : « Une Saison en enfer » pour soprano, piano, percussion et bande électroacoustique (GRM) (1980) prouvant une nouvelle fois que le GRM n’était pas une simple voie de garage, « Orchestrahl » pour grand orchestre (1985-1989), un chef d’œuvre, trop peu donné , son « Concerto pour violoncelle et orchestre » (1999-2000) est lui porté par un magnifique soliloque du violoncelle et « Relais », pour cinq cuivres (1969), semble avoir laissé quelques traces dans l’œuvre de Pierre Boulez…
Les « Litanies pour Ronchamp », c’est 1 h 20 de musique intense, habitée par une grande intériorité musicale. C’est également un voyage dans le temps et l’espace, allant du grégorien au XXIe siècle à partir des litanies de Merlo Horstius (1597-1644), prédicateur à Cologne au siècle baroque, celles-ci sont sous-tendues par une nouvelle mystique plus intime dans son expression. Comme Le Corbusier pour la Chapelle du Ronchamp, Gibert Amy évite les symétries trop appuyées, il pratique aussi le réemploi du matériau. Les Solistes XXI, égaux à eux-mêmes, sous la direction de Rachid Safir sont un modèle de perfection musicale au service de la création contemporaine comme en témoignait déjà leur précédente monographie consacrée au compositeur italien Gianvincenzo Cresta.