22 Novembre 2014
Mimi, Mardi 18 novembre à 20 h 30 aux Bouffes du Nord, jusqu'au 26 novembre.
Frédéric Verrières (musique), Bastien Gallet (livret), Guillaume Vincent (mise en scène), Jean Deroyer (direction musicale), l’Ensemble Court-Cuit, James Brandily (scénographie), Fanny Brouste (costumes), Sébastien Michaud (lumières). Technique Ircam
Christian Helmer (Rodolphe, compositeur et musicien), Camélia Jordana (Mimi 1), Judith Fa (Mimi 2), Christophe Gay (Marcel, artiste plasticien), Pauline Courtin (Musette, l’amie de Marcel), Caroline Rose (La Comtesse Geschwitz).
Après Second woman, Frédéric Verrière fait coup double au Théâtre des Bouffes du Nord Mim met au tapis Puccini. Il revient aux sources du roman d’Henry Murger, Scènes de la vie de Bohême qui est un adieux à la jeunesse ! C'est aussi une musique qui se diffracte du rock à la contemporaine.
Concevoir un opéra pour le théâtre des Bouffes du Nord vous oblige à remettre tout sur le tapis. Après un faux départ au Festival International d’art lyrique d’Aix-en-Provence, Second woman de Frédéric Verrière (*1968) fut en 2011 sa première prise de rôle lyrique, et aussi un coup de maître qui lui valut l’attribution du Grand prix de la critique. Le spectaculaire lustre qui trônait au-dessus de Seconde woman laisse place dans Mimi à un sol jonché de matelas tout aussi impressionnant. L’ensemble orchestral est placé au fond de la scène, tandis que les hauts parleurs débordent sur l’avant-scène. On a la même équipe que pour son premier spectacle lyrique, Frédéric Verrière à la musique, Bastien Gallet au livret, Guillaume Vincent à la mise en scène, Jean Deroyer à la baguette, et les solistes de l’Ensemble Court-circuit au charbon. Des courts-circuits musicaux, on va en avoir toute la soirée ! L’ourson Teddy rougit d’emblée de ce qui va advenir ! La scénographie très pop de Mimi de James Brindily n’est pas sans évoquer celle du metteur en scène allemand Nikolaus Lehnhoff de La Fanciulla del West de Puccini présenté à l’Opéra Bastille en février dernier ses deux Bambi tous phares dehors et sa fourrière de voitures. Le temps passe, les siècles aussi et les modes changent. Créé en 1896, La Bohème de Puccini illustrait un mode vie « artiste » dans la capitale des arts que fut le Paris du Second Empire jusqu’aux années soixante. Puccini avait chaussé de cothurnes les Scènes de la vie de Bohème de jeune Henry Murger. Le roman fut d’abord publié en feuilleton. A la veille du second empire, il inventait sans le savoir un nouveau genre de vie mais aussi un mythe moderne que l’exposition « Bohèmes » au Grand Palais auréolât en 2012.
Frédéric Verrière et son librettiste nous invite à une séance de déshabillage du mythe, à un retour aux source du feuilleton, des instantanées de vie. L’opéra de Puccini est désossé à la manière d’un Picasso s’appropriant les Ménines de Velasquez. La musique de Puccini est échantillonnée, anamorphosée puis filtrée. Frédéric Verrière et Bastien Gallet renouent aussi avec l’esthétique du fragment chère aux romantiques. Mimi se diffracte en deux entités féminines. Une star du petit écran pour la première entité. Elle est incarnée par l’envoutante Camélia Jordana qui fut révélé par la Nouvelle star en 2010, imposant sur scène sa personnalité et son style. Elle est face à une autre incarnation Mimi, plus lyrique, la soprano Judith Fa, une future diva plus lointaine. Les femmes dominent haut la main ! La gente masculine dont Rodolphe serait la figure de proue est interprété par le baryton Christian Hellmer aux allures de jeune premier certes soutenu par une voix solide mais il semble être ailleurs, il est encombré par son corps. Le couple lunaire Mimi-Rodolphe est troublé par le couple plus solaire de Musette - Marcel. Ici, point de chichi ! La soprano Pauline Courtin et le baryton Christophe Gay, sont les Papagena et Papageno de l’opéra, ils sont faits l’un pour l’autre. Le cabaret montmartrois va prendre au fil du spectacle un k et deux t avec l’apparition inopinée de la comtesse Geschwitz, ici interprétée par la troublante et très sexe, Caroline Rose, l’héroïne sacrifiée de Lulu d’Alban Berg. Une autre forme de l’amour, car le sujet de l’opéra est bien l’amour mais sonnant étrangement en italien pour un francophone : « à mort ».
La Tournée :
les 7, 8 et 9 janvier 2015 : Croatian National Theatre Zagreb / Croatie
les 14 et 15 janvier 2015 : Comédie de Reims
les 19, 20 et 21 janvier 2015: Théâtre d’Arras
les 29 et 30 janvier 2015 : : Le Parvis /Tarbes
les 3 et 4 février 2015 : Espace Jean Legendre / Compiègne
le 8 février 2015 : Théâtre Luxembourg / Meaux
les 13 et 14 février 2015 : Grand Théâtre d’Aix-en-Provence