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Musiques contemporaines XX & XXI

Chroniques de concerts,de festivals, d'événements, de livres, de disques et de DVD.

De Varèse à Maresz, une contrepèterie musicale. Comment subsumer l’obstacle

Samedi 14 janvier, Philharmonie II (ex Salle de concert de la Cité de la musique) à 20 h 30

Intégrale, pour onze instruments à vent et percussion ; Yan Maresz, Métallics, pour trompette et dispositif électronique, György Ligeti, Concerto, pour piano et orchestre ; Magnus Lindberg, Related Rocks, pour deux pianos, deux percussions et dispositif électronique ; Yan Maresz, Metal extensions, pour trompette et ensemble

Ensemble Intercontemporain sous la direction de Tito Ceccherini et les solistes de l'ensemble : Clément Saunier (trompette), Samuel Favre et Vicror Hanna (percussion) Dimitri Vassikakis, (piano), Hidéki Nagano (piano), Sébastien Vichard (piano)

Bon, c’est ce soir la rentrée à la Philharmonie II, c’est-à-dire l’ancienne Salle de concert de la Cité de la Musique. Laissons de côté, le menaçant vaisseau Star War et ses oiseaux, illustrant paradoxalement, la nouvelle ère que nous venons d’entamer.

Nous avons eu en ouverture un hommage appuyé par le corniste de l'Ensemble Jean-Christophe Vervoittele, en premier lieu à Pierre Boulez, concepteur de la Cité de la musique puis à Laurent Bayle, la cheville ouvrière de la Philharmonie. On aurait pu associer la pionnière Brigitte Marger. Il y eu aussi, comme il se devait, un hommage émouvant aux victimes terrassées par le terrorisme des 7, 8 et 9 janvier 2015

C’est un programme classique que proposait l’Ensemble Intercontemporain. Il remémorait le concert inaugural de la Cité de la Musique dirigé alternativement par Pierre Boulez et William Christie. Ce dernier était ce soir au pupitre à la Philharmonie I avec son ensemble Les Arts florissants. De plus, le concert de ce soir de l’EIC commençait par Intégrales d’Edgar Varèse qui fut au même programme de 1995. Crée en 1925, l’œuvre conserve quatre-vingt-dix plus tard, toute son énergie. Les musiciens ont été au rendez-vous. L’interprétation de chef Tito Ceccherini était à la fois sauvage et lyrique. Nous devons saluer au passage la performance entre ombre et lumière du hautboïste de l’EIC, Didier Pateau, il fut sublime ! Si Varèse est un fauviste du son, György Ligeti cultive la demi-teinte. Son Concerto pour piano se rattache plus un concerto grosso avec piano obligée qu’au « concerto romantique ». La virtuosité n’est donc pas dans la prestation du soliste mais dans sa parfaite synchronisation avec les musiciens de l’ensemble. Chaque mouvement était parfaitement ciselé. Personnellement, je conserve une nette préférence pour son Concerto pour violon. Entre les deux monstres sacrés du XXe siècle, s’est glissé, Metallics pour trompette et dispositif électronique du monégasque Yan Maresz. Il réussit à réconcilier, la trompette avec la musique contemporaine. A l’écoute de l’œuvre Yan Maresz on se remémore la sublime trompette de Miles Davies semblant flottée entre ciel et terre dans L’Ascenseur pour l’échafaud. Metallics a été composée dans le cadre du cursus de l’Ircam, elle est devenue une œuvre emblématique du répertoire des trompettistes. La beauté mélodique quelle dégageait à l’époque de sa création, lui colle toujours à la peau. L’électronique se propageait imperceptiblement dans la salle de concert. Cette œuvre dégage à son écoute une évidence musicale rare Metal Extensions pour trompette et petit ensemble qui clôturait le concert a été composée six après sa petite sœur pour électronique. Immédiatement, on pense aux « chemins » de l’italien Luciano Berio qui étaient des extensions pour ensemble instrumental de ses « sequenze » pour instrument soliste. Si le trompettiste, Clément Saunier est plus intégré à l’ensemble, le propos est plus sombre. La mélodie se métamorphose en une musique de plus en plus bruitée. C’est également une œuvre plus introvertie. Clément Saunier passe naturellement de la lumière à l’ombre, ses attaques ne sont jamais rêches, toujours précises mais presque imperceptibles. Le discours musical se faisait plus intime. On avait avec ces deux versions de Metallics, les deux versants de la personnalité de Yan Maresz, le premier apollinien et le second plus mélancolique, voire saturnien, dirons-nous.

La deuxième partie du concert débutait avec Related Rocks de Magnus Lindberg, œuvre faisant référence à la Sonate pour deux pianos et percussion de Béla Bartók. Les deux pianistes et leurs deux comparses à la percussion semblaient s’amuser. Une fraicheur de liberté planait sur la salle. Related Rocks est à la fois virtuose et bavarde, l’obstacle semble se volatiliser dans le miroir pour parodier la citation de Pierre Boulez donnée en ouverture, « toute création implique l’obstacle ».

De Varèse à Maresz, une contrepèterie musicale. Comment subsumer l’obstacle
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L
La seconde partie du concert devait être fantastique, j'aurais aimé assister à cette interprétation de Related Rocks !
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