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Musiques contemporaines XX & XXI

Chroniques de concerts,de festivals, d'événements, de livres, de disques et de DVD.

"J'irai cracher sur vos tombes" par Renaud Machart

Pierre Boulez, un an après

Mezzo propose un concert, hommage au grand compositeur français, disparu il y a un an, le 5 janvier 2016

MEZZO

VENDREDI 6 – 20 H 30

CONCERT

Un an après sa mort, le 5 janvier 2016, à l’âge de 90 ans, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez est une figure musicale qui demeure mythique, notamment pour son rôle dans l’avant-garde musicale du XXe siècle, mais qui semble déjà en voie d’être oubliée par le plus grand nombre. C’est en tout cas ce que laissent accroire certains médias : ainsi le New York Times n’a-t-il pas inclus le nom du Français – qui avait pourtant été directeur musical de l’Orchestre philharmonique de New York – dans la liste des artistes disparus au cours de 2016, qu’elle devait publier le 26 décembre 2016. Le site Internet du quotidien nord-américain a, depuis, heureusement rectifié le tir. Mais celui dont l’inscription sur la croix de bois qui orna un temps sa tombe, à Baden-Baden, a été modifiée par un anonyme (« Ici repose en Dieu » devenant « Ici repose un Dieu ») n’aura jamais eu tant d’aficionados autour du monde que les musiciens pop David Bowie, Prince et Leonard Cohen, également emportés en 2016 par la charrette surchargée de la Grande Faucheuse.

La suite du papier de Renaud Machard

cop. Philippe Gontier

Boulez, joliment soporifique par Renaud Machart

Gratin d'enfer Salle Pleyel ce 27 septembre : Pierre Boulez dirige Pli selon pli, son cycle pour soprano et ensemble instrumental, devant une salle pleine, dans le cadre du toujours chic Festival d'automne. Quand le compositeur joue sa musique, le monde afflue ; quand d'autres s'y collent, le succès est moindre. Mais, s'il y a de nombreux invités, le public est très mélangé et, signe encourageant, comprend pas mal de jeunes auditeurs, venus pour la découverte de cette musique ou pour soutenir leurs jeunes camarades de la Lucerne Academy, chaperonnés par les vétérans de l'Ensemble intercontemporain.

Cette structure n'est en rien une émission de télé-réalité qui verrait les musiciens, les uns après les autres, se sacquer ("Georg ne sait pas jouer les modulations métriques, ignore les tiers de ton et écoute de la musique tonale en cachette : il doit être éliminé"), mais le symposium pédagogique (pour les chefs, les compositeurs et les jeunes instrumentistes) que le compositeur anime, l'été, au Festival de Lucerne.

Les cinq pièces qui constituent Pli selon pli font appel à des poèmes de Stéphane Mallarmé qui, avec René Char, est la principale dilection littéraire de Boulez. Créé en 1962, le cycle a été remanié en 1984 et 1989. Sa durée (1 h 10) est raisonnable mais n'évite pas les tunnels : les vingt minutes du quatrième volet, Improvisation III sur Mallarmé "A la nue accablante tu", sont redoutablement soporifiques. On a d'ailleurs vu, du haut de notre balcon latéral, le délégué artistique d'un orchestre parisien dormir d'un sommeil enviable pendant la quasi-totalité de la pièce. (Et ce sont toujours les dormeurs qui vous lancent, à la sortie : "Captivant, non ?".) Certes, il y a les irisations de l'écriture, le grain et les saveurs "épicées" de l'instrumentation, chargée en percussions, le mystère d'un langage "réservé", le charme capricant et décoratif de la partie vocale tenue avec une assurance poétique exemplaire par la soprano canadienne Barbara Hannigan. Mais cette musique demeure d'un maniérisme très décoratif.

On a perçu un vent d'inquiétude dans la salle quand Pierre Boulez est sorti de scène quelques instants, après la première pièce, en marmonnant quelque chose d'incompréhensible à l'adresse du public. Car l'homme n'est plus dans ses jeunes jours, son pas n'est pas sûr et sa direction se fait plus que minimale. Mais il ne semblait s'agir que d'un problème de paire de lunettes, que le chef doit désormais chausser.

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