15 Mars 2022
Entretien avec le chef Rémi Durupt
Rake’s progress, musique d’Igor Stravinski et livret de Wystan Hugh Auden (1951)
Direction musicale : Grant Llewellyn, en alternance avec Rémi Durupt
Mise en scène, Mathieu Bauer ; Décors, Chantal de la Coste ; Vidéaste, Florent Fouquet ; Lumières Lionel Spycher
Coproduction : Opéra de Rennes, Angers Nantes Opéra
Trulove : Scott Wilde, Anne Trulove : Elsa Benoît, Tom Rakewell : Julien Behr,
Nick Shadow : Thomas Tatzl, Mother Goove : Alissa Anderson, Baba la Turque : Aurore Ugolin,
Sellem : Christopher Lemmings
Chœur de chambre : Mélisme(s) / Orchestre National de Bretagne
Opéra de Rennes : Jeudi 03/03 - 20h, Samedi 05/03 - 18h, Lundi 07/03 - 20h, Mercredi 09/03 - 20h
Nantes - Théâtre Graslin : 22/03 - 20h, 24/03 - 20h, 26/03 - 18h, 28/03 - 20h, 30/03 - 20h
A l'occasion de la création à l'Opéra de Rennes du Rake's Progress d'Igor Stravinsky dans la mise en scène de Matthieu Bauer nous avons rencontré le jeune chef Rémi Durupt qui a partagé la fosse d'orchestre avec le chef gallois Grant Llewellyn, directeur musical de l'Orchestre national de Bretagne mais qui handicapé par une hémiplégie a réappris à diriger en six mois de son bras gauche.
Rake's progress, un opéra "semi-seria" surréaliste
Mise en scène qui a réalisé la symbiose entre la musique et le livret Wystan Hugh Auden. Certes en arrière fond domine la référence à la série de huit gravures du peintre satiriste anglais William Hogarth, The Rake's progresse narrant les déboires d'un jeune parvenu, de l'ascension à son enferment dans un asile d'aliéné. Si Stravinski compose un pastiche déjouant le Don Giovanni de Mozart en 1951 au moment où la jeune création musicale devenait sérielle à Darmstadt. Le livret d'Auden pousse l'absurde à son comble avec l'intrusion Baba la Turque et la scène de la vente aux enchères. Matthieu Bauer colle à la musique, et joue le jeu du livret.
C'est un râteau !
Bien que la soprano Elsa Benoît (Anne Trulove) éclipse ses partenaires par la qualité de son chant et de son interprétation scénique, ceux-ci n'ont pas démérité. Le chemin de croix du personnage qu’elle joue est le fil rouge de la représentation, Tom Rakewell fait par contre penser à ses acteurs du muet qui mettant le pied systématiquement sur la traverse dentée du râteau déclenchent l’hilarité et la commisération des specteurs. Nick Shadow interprété par Thomas Tatzl, se révèle pleinement dans la scène du Cimetière où il est un commandeur d'opéra digne de ce nom venant solder les comptes de Tom Rakewell; La scène des enchères est des plus réussies, Christopher Lemmings dans le rôle du commissaire-priseur, Sellen, est inoubliable. Le décor évoque les années 50, l’avènement des Trente glorieuses, la démocratisation du petit écran, symbolisant a posteriori le « bonheur en formica » de cette période. Une soirée réussie !
La tribune des critiques de disques, évoquée dans l'entretien