20 Octobre 2024
36e édition du FESTIVAL DE LAON du 10 septembre au 13 octobre
samedi 5 octobre , cathédrale de Laon, 20 h
Horizons du romantisme
Concert dans le cadre du 18e Sommet de la Francophonie
Récits et légendes
Paul Dukas Polyeucte, ouverture pour une tragédie de Corneille
Claudio Alsuyet, Le Messager de la nuit, composée d’après le roman Vol de nuit d’Antoine Saint-Exupéry pour récitante et violoncelle, et orchestre
Gabriel Fauré, Pelléas et Mélisande op. 80
Jules Massenet, Le Cid, ballet
Georges Bizet, Carmen, Suite n°1
Interprètes
Orchestre Lamoureux, Judith Henry, narratrice, Sébastien Hurtaud, violoncelle,Adrien Perruchon, direction.
Concert repris le samedi 6 octobre à la Seine Musicale de Boulogne Billancourt, le 6 octobre à 18 h
En sortant de la gare de Laon, la partie moderne reconstruite après la Seconde Guerre mondiale dans le style Perret du Havre fait face à la Cathédrale Notre-Dame trônant à cent mètres au-dessus de la plaine des Hauts-de-France lui donne un caractère majestueux avec ses tours et sa rosace illuminées le soir. Immanquablement, on pense le soir à l’Acropole d’Athènes par sa présence dans le lointain. C’est une des premières cathédrales gothiques, à l’intérieur son style épuré la rapproche du roman. Le Festival de Laon peut s’enorgueillir, les symphonies d’Anton Bruckner sonne comme nulle part ailleurs. De plus, Laon fut la dernière capitale des carolingiens, aujourd’hui elle bénéficie de l’aura de la nouvelle Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts.
On peut diviser le programme en deux parties, un versant plus intense par les choix musicaux allant de l’ouverture de Polyeucte (1891) de Dukas (1865-1935) au Pelléas (1898) de Fauré (1845-1924) en passant par Le Messager de la nuit (2024) d’Alsuyet (*1957), le moment fort de la soirée tandis que l’autre versant s’ouvrait sur le soleil méditerranéen avec des extraits du ballet Le Cid (1885) de Massenet (1842-1912), et pour conclure celle-ci, toute la polychromie orchestrale de la Suite n° 1 de Carmen de Bizet (1838-1875).
Pour l’orchestre Lamoureux ce programme est du « pain béni », fondé en 1881 par Charles Lamoureux qui voulait faire découvrir la nouvelle musique de la fin du XIXe siècle, entre autres celle de Richard Wagner auprès du public parisien. L’ouverture de Polyeucte est bien dans cette veine orchestrale ample avec son leitmotiv qui revient jusqu’à l’épuisement, c’est un Dukas sous influence wagnérienne tandis que Fauré plus âgé de vingt-ans se démarque de cette influence en proposant une musique sans dramatisme exacerbé, moins nerveuse mais sensible aux silences énigmatiques de Maurice Maeterlinck (1862-1949), une écoute plus horizontale du son.
Le « concerto » d’Alsuyet semble plus proche de l’esprit de Fauré. Les premières notes pianissimos, évoquent l’immensité de la nuit, son silence et les scintillements des étoiles. Le vrombissement du violoncelle nous rappelle la présence du bimoteur de l’aérospatiale reliant la Patagonie à Buenos-Aires. C’est la relation entre deux hommes, Riviére, chef du projet et Fabian, le pilote qui doit franchir les obstacles, la cordillère des Andes. Dans sa préface André Gide lit le roman comme celui du devoir accompli jusqu’à la mort. Les deux hommes sont reliés par la radio qui scande la musique. La narratrice serait la voix de Rivière alors que le violoncelle est plutôt celle de Fabian. C’est un récit qui se perd dans la nuit, c’est aussi probablement une litanie. Cette œuvre à toute sa place dans la francophonie, un roman français se déroulant en l’Argentine où une entreprise française met en place une liaison postale à caractère commerciale et pacifique permettant de relier des populations éloignées par de grandes distances. La musique d’Alsuyet a su, conserver la magie du roman, tandis que Sébastian Hurtaud au violoncelle est la voix du héros solitaire, cherchant dans les méandres de la tempête la voie du salut, tandis la narratrice Judith Henry porte tous les doutes de Rivière.
Le deuxième versant du concert était plus festif, permettant à l’orchestre d’être son la direction d’Adrien Perruchon de se déployer pleinement, permettant aux pupitres de monter en première ligne tout en mettant en valeur toute leur virtuosité jusqu’au bis final.
Omer Corlaix
Interview Adrien Perruchon et Sébastien Hurtaud
Jean-Michel Verneiges
36e Festival de Laon - 10 septembre 2024 au 13octobre 2024
Le 36ème Festival de Laon dans l'Aisne. "Horizons du romantisme" - Programmation. Réservation. Informations pratiques